Le 23
Août 2008,
le Parlement Européen proclamait le 23 Août « journée
européenne de commémoration des victimes du stalinisme et du
nazisme » :
http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?pubRef=-%2F%2FEP%2F%2FTEXT+TA+P6-TA-2008-0439+0+DOC+XML+V0%2F%2FFRC’est un euphémisme de dire que les commémorations (si elles ont
lieu) de ce 23 Août 2018
sont,
en France, très discrètes !
Heureusement
qu’en Europe, d’autres États
se souviennent. C’est le cas notamment des États
baltes qui ont eu à souffrir dans leur chair de ces deux
totalitarismes.
En
effet, tous les 23 août, les Baltes
célèbrent un double événement : l’un, tragique dans ses
conséquences, le Pacte Molotov
– Ribbentrop du 23 août 1939,
l’autre, synonyme de révolte et d’espoir, la Voie
Balte du 23 août 1989.
Après
leur retour (Lituanie) ou leur accession (Lettonie, Estonie) à
l’indépendance en 1918, les États baltes avaient signé avec la
Russie soviétique des traités de paix et des pactes de
non-agression. Pressentant le conflit européen, ils avaient adopté,
début novembre 1938, des textes de lois destinés à manifester leur
volonté de rester neutres, à l’écart d’un éventuel conflit.
De
son côté l’URSS, inquiète des projets d’expansion à l’est
de l’Allemagne cherchait à conclure des accords d’alliance, y
compris d’entraide militaire, avec la France et la Grande-Bretagne.
Mais ces derniers, faisant preuve d’atermoiements, les soviétiques
vont se détourner des démocraties occidentales pour se rabattre sur
un accord avec l’Allemagne nazie.
Le 23
août 1939, l'Union soviétique, représentée par son
Ministre des Affaires Étrangères, Viatcheslav Molotov,
et l'Allemagne nazie, représentée par son homologue, Joachim
von Ribbentrop, signent à Moscou un Traité de
non-agression entre l'Allemagne et l'Union des républiques
socialistes soviétiques, plus communément appelé Pacte
Molotov-Ribbentrop.
Staline et von Ribbentrop |
Le
traité proclamait un renoncement au conflit entre les deux pays,
ainsi qu'une position de neutralité dans le cas où l'un des deux
pays signataires serait attaqué par une tierce partie.
Mais
le traité comportait également plusieurs protocoles restés
longtemps secrets qui déterminèrent le destin des États
Baltes pour 50 ans. Dans ces protocoles, les deux puissances
totalitaires s’entendaient pour se partager la Pologne et pour
désigner la frontière nord de la Lituanie comme ligne de partage
entre leurs « sphères d’influence ». Ainsi, la
Finlande, l’Estonie et la Lettonie tombaient dans la sphère
d’influence soviétique, la Lituanie dans celle de l’Allemagne.
Ayant
les mains libres à l’est, Hitler
envahit donc « tranquillement » la Pologne
le 1er septembre
1939,
ce qui conduisit à la Deuxième Guerre mondiale par l’intervention,
le 3 Septembre, de la France et de la Grande-Bretagne volant au
secours de leur allié polonais. De son côté, l’URSS
envahit la Pologne par l’est le 17
septembre 1939,
sans même de déclaration de guerre préalable. Le 28 septembre
1939, les deux puissances totalitaires signèrent un nouvel accord de
délimitation des frontières, avec un accord secret complémentaire
par lequel la
Lituanie tombait, à présent, dans la sphère des intérêts
soviétiques.
On
n’oubliera pas également que, suite au pacte, l’URSS
approvisionna largement l’Allemagne en matières premières
(notamment pétrole, caoutchouc, céréales), ce qui permit à
celle-ci de constituer des stocks nécessaires à son armée et à
son industrie pour la suite de la guerre. C'est ainsi grâce à de
l'essence russe que l'Allemagne put envahir la France en mai 1940 !
(Ci-dessous, fraternisation de soldats nazis et russes).
Aujourd’hui,
la Fédération de Russie ne fait commencer la seconde Guerre
Mondiale qu’en 1941, revendiquant même le titre de principal
vainqueur. C’est « oublier » un peu rapidement que,
pendant deux ans, elle fut un allié fidèle du régime nazi. Ça en
serait presque cocasse si, dans le même temps, elle n'accusait pas
les États baltes d'encourager la résurgence du nazisme chez eux !
Cinquante
ans après, le 23 août 1989,
en signe de protestation contre l’occupation dont ils étaient
victimes, 2 millions de Baltes (donc un quart de la population
totale) se donnèrent la main sur 675 km, entre Vilnius et Tallinn
via Riga. Ce fut la Voie Balte, destinée à attirer
l'attention de l'Occident sur le sort des États baltes. Les
participants demandaient la reconnaissance des protocoles secrets du
pacte Molotov-Ribbentrop, mais surtout le rétablissement de leur
indépendance et de leur liberté.
Au
passage, le logisticien que je fus ne peut qu’être admiratif
devant l’organisation d’un tel événement, au nez et à la barbe
de l’occupant ! Le parcours exact fut : LT: Vilnius
– Širvintos – Ukmergė – Panevėžys – Pasvalys – LV:
Bauska – Iecava – Ķekava – Rīga – Vangaži – Sigulda –
Līgatne – Drabeši – Cēsis – Lode – Valmiera – Jēči –
Lizdēni – Rencēni – Oleri – Zasi – Rūjiena – Koniņi –
EE: Nuija – Karksi – Viljandi
– Türi – Rapla – Tallin.
Depuis
2008,
le 23 août est donc
la Journée
européenne de commémoration des victimes du stalinisme et du
nazisme. La
France est-elle encore en Europe ?
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