Jonas Basanavičius |
Je pense que je ne me
tromperais guère en affirmant que chaque ville lituanienne a sa rue
Basanavičius. Mais qui était donc ce personnage une fois de plus méconnu en
France, au point de n’avoir exactement qu’une ligne et demie dans le Wikipedia
en Français ?!
Jonas
Basanavičius est né le 23 Novembre 1851 à Ožkabaliai, dans la région de
Vilkaviškis, au sud-ouest de la Lituanie actuelle, dans ce qui était alors le
Gouvernement de Suvalkai (Suvalkų gubernija). Ses parents étaient des paysans
lituaniens. Sa maison natale est aujourd’hui transformée en musée : http://www.muziejai.lt/vilkaviskis/basanaviciaus_sodyba.htm
A cette époque, le
Polonais était la langue de la noblesse et des gens éduqués, le Lituanien la
langue des paysans et le Russe la langue administrative. Après l’insurrection
de 1863, les autorités russes entreprirent de russifier la Lituanie en
réduisant l’influence de la langue et de la culture polonaises. Cette nouvelle
politique permit au jeune Jonas d’entrer à l’école secondaire de Marijampolė,
jadis réservée aux nobles. Paradoxalement, il y découvrit l’héritage historique
et culturel de la Lituanie.
Lorsqu’il fut diplômé en
1873, il réussit à convaincre ses parents, qui le destinaient au séminaire de
Sejny, de le laisser rejoindre l’Université de Moscou. En fait, après deux
semestres, il rejoignit l’Académie Médicale de Moscou, d’où il sortit médecin
en 1879. Il dirigera brièvement (Janvier 1880 – Mai 1882) un hôpital dans la
Principauté de Bulgarie (vassal très autonome de l’Empire Ottoman depuis 1878),
mais il partira s’installer à Prague en Décembre 1882, après l’assassinat du
Tsar Alexandre II de Russie, de peur de représailles (le Tsar avait été
assassiné par un dénommé Ignacy Hryniewiecki , originaire de l’ancien Grand-duché
de Lituanie / région de Mogilev).
Un exemplaire d'"Aušra" |
C’est de Prague qu’il
organise la publication d’Aušra, premier journal national
lituanien en Lituanien, dont le premier exemplaire paraît en Mars 1883 depuis
la Prusse orientale. Les journaux sont transportés clandestinement en Lituanie,
où l’usage de la langue lituanienne est interdit, par les knygnešiai. Ils furent une étape importante de l’Eveil national lituanien (Lietuvių
tautinis atgimimas).
A Prague, Basanavičius
se marie à une Allemande de Bohème, Gabriela Eleonora Mohl, en Mai
1884, et le couple repart aussitôt en Bulgarie. En Février 1886, Jonas
contracte typhus et pneumonie, en Août 1887, il échappe à une tentative d’assassinat
et, en Février 1889, son épouse Gabriela meurt de tuberculose. En 1891,
Basanavičius acquiert la nationalité bulgare et, en 1892, il est promu à Varna
sur la Mer Noire. Mais de multiples problèmes de santé l’incitent à alléger ses
activités. Comme il est néanmoins membre du Parti Démocratique, il est élu au
Conseil municipal de Varna de 1899 à 1903.
En 1905, apprenant que
la prohibition de la presse avait été levée le 24 Avril 1904, Basanavičius
rentre en Lituanie et continue à jouer un rôle important dans l’éveil national
lituanien. Il joue même un rôle majeur dans le grand Seimas de Vilnius (Didysis Vilniaus Seimas), assemblée de 2 000
personnes qui se réunissent dans l’actuelle salle de l’orchestre philarmonique les
4 et 5 Décembre 1905, et qui demandent l’autonomie.
Les vingt signataires de l'acte d'indépendance (au centre, avec la barbe blanche, Jonas Basanavičius) |
La Conférence de
Vilnius, qui se tient du 18 au 23 Septembre 1917, décide de la création d’un Conseil d’Etat de la Lituanie (Lietuvos
Valstybės Taryba) qui se voit confier la mission de préparer l’établissement
d’un Etat indépendant. Le 16 Février 1918, le Conseil proclame la restauration
de l’indépendance de la Lituanie, gouvernée par les principes démocratiques et
ayant Vilnius comme capitale. L’acte d’indépendance est paraphé par 20
signataires, présidés par Jonas Basanavičius. Les effets de la déclaration
furent limités car les Allemands occupaient toujours le pays. Mais le pas avait
été sauté.
Jonas Basinavičius
mourut le 16 février 1927 (donc à la date anniversaire de la proclamation d’indépendance)
à Vilnius. Il est enterré au cimetière de Rasos (Rasų kapinės).
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