Né le 28 Juillet 1920 dans
le Puy-de-Dôme, Roland Paulze d’Ivoy de
la Poype s’engage à 19 ans comme élève-pilote, en Décembre 1939.
Réussissant à s’embarquer pour l’Angleterre avant la ruée allemande, il intègre
le squadron 602 et obtient sa
première victoire le 22 Août 1942. Volontaire
pour rejoindre le Groupe de Chasse (GC 3) des Forces Aériennes Françaises
Libres que le Général de Gaulle veut envoyer combattre aux côtés des
soviétiques, il est parmi les premiers à débarquer à Ivanovo (Russie) le 28
Décembre 1942.
Aux ordres du Commandant
Pouliquen puis du Commandant Tulasnes, le GC 3, devenu « Normandie »
en souvenir de l’une des provinces françaises qui souffre le plus de l’occupation
allemande, enregistre ses premiers succès dès le 5 Avril 1943. Régiment depuis le
7 Février 1944, il devient Régiment « Normandie – Niémen » le 21
Juillet 1944, par décision de Staline lui-même, pour souligner la part capitale
qu’il avait prise dans l’offensive soviétique et notamment dans le
franchissement du Niémen.
Roland de la Poype (2ème en partant de la gauche) devant un Yak-3 |
« Normandie – Niémen »
est sur le sol lituanien du 15 Juillet au 21 Novembre 1944, notamment à Alytus
(29 Juillet – 18 Septembre), qui garde encore son souvenir. Pendant leur
séjour, les pilotes visiteront Vilnius libérée (« Nous avons retrouvé l’Europe,
notre Europe ! » déclarera l’un d’eux), mais aussi le ghetto de
Kaunas, anéanti par les Allemands dans la nuit du 13 au 14 Juillet 1944.
Du 13 Avril 1943 au 12
Avril 1945, « Normandie – Niémen » aura effectué 5 240 missions.
273 victoires aériennes sont homologuées, 36 autres sont probables. 42 pilotes
ont été tués ou ont disparu sur 97 engagés au combat. A lui seul, Roland de la
Poype obtient 15 victoires aériennes sur le front de l’est, ce qui lui vaut d’être
le premier Français à être fait héros de l’Union soviétique.
Le 20 Juin 1945, avec les
pilotes survivants du Normandie - Niémen, le Capitaine de la Poype se pose au
Bourget avec son Yak-3, cadeau de Staline. Il est un temps attaché de l’air en Belgique
puis en Yougoslavie, mais il décide de quitter l’armée en 1947 « car on n’y
fait pas fortune » déclare-t-il avec son franc-parler.
Devenu industriel en
plasturgie, il monte sa première usine dès le mois de Mai 1947. A l’époque, l’avenir
appartient au plastique et aux emballages jetables et, en 1952, il se lance
dans la fabrication d’un produit novateur, le berlingot DOP.
En 1968, c’est une autre
révolution. Il fabrique la carrosserie en plastique ABS de la Citroën Méhari, la jeep en plastique
comme nous l’avions baptisée à l’armée, dont elle fera longtemps les « beaux
jours ». Il s’en vendra 140 000 exemplaires, dans des couleurs « voyantes »
alors inédites.
Enfin, amoureux de la mer
et de son milieu, sans doute un héritage de son ancêtre du XVIIe siècle, l'Amiral de la Poype de Vertrieux, il
créera en 1970 le Marineland d’Antibes.
« J’ai créé Marineland pour mieux faire
connaître les animaux marins et mieux les défendre face aux massacres dont ils
étaient victimes », expliquait celui qui fut citoyen d’honneur d’Antibes en
1996. Il fut en outre Maire de Champigné (Maine-et-Loire) dans les
années 60, où il créa un golf.
Roland de la Poype est
décédé à Saint-Tropez le 23 Octobre 2012, à l’âge de 92 ans. Ses obsèques ont
eu lieu le 30 Octobre dans la cour d’honneur des Invalides.
Compagnon de la
Libération, Héros de l’Union soviétique, Grand-croix de la Légion d’Honneur, Croix
de Guerre 39-45 avec 12 citations, pour ne citer que ses décorations les plus
remarquables, ce n’était sans doute pas assez pour qu’un Ministre se déplace
aux obsèques du Colonel Roland de la Poype. De même, alors que deux Alphajets
avaient survolé les obsèques de l’acteur Christian Marin, interprète à l’écran
du héros de bande dessinée Laverdure, nul avion n’est venu troubler le ciel de
Paris le 30 Octobre. Il est vrai que, défendre la France d’abord en risquant sa
vie, puis en investissant son argent, peut être considéré aujourd’hui comme
doublement suspect. O tempora, o mores……
« On peut faire
la guerre sans l'aimer.
On peut aimer la vie sans craindre la mort. »
Roland Paulze d’Ivoy de la
Poype (1920 – 2012)
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