De tous temps, la
possession de l’énergie a été la clé de la puissance et de la richesse. Ce fut
le cas du charbon en Angleterre au XIXe siècle et du pétrole aux Etats-Unis au
début du XXe siècle. Si l’économie russe fait encore illusion aujourd’hui, et
lui permet de garder dans la sujétion la plupart des Etats de l’est de l’Europe,
c’est grâce à son gaz et à son pétrole.
Un rapport récent de l’Agence
Internationale pour l’Energie (AIE), même s’il doit être pris avec une certaine
circonspection, souligne une évidence : les pays qui pourront dans l’avenir
exploiter les gaz de schiste (gaz naturel extrait de terrains schisteux) augmenteront
leur indépendance énergétique. L’AIE prédit que, grâce à ça, les Etats-Unis deviendront
en 2015 les premiers producteurs de gaz au monde, devant la Russie, et, en 2017,
les premiers producteurs de pétrole, devant même l’Arabie Saoudite. Couplée à
des mesures de réduction de consommation, l’exploitation des hydrocarbures de
schiste devrait permettre aux Etats-Unis d’atteindre l’indépendance énergétique
vers 2030, alors qu’ils importent aujourd’hui 20 % de leur consommation.
Pour le réseau d’audit
KPMG, en Europe centrale et orientale, ce sont la Pologne, la Roumanie et l’Ukraine
qui ont le plus fort potentiel de développement grâce au gaz de schiste. Elles
sont suivies de la Lituanie, de la Hongrie et de la Bulgarie. La Pologne
aurait, avec la France, les réserves les plus importantes en Europe. La
Lituanie aurait quant à elle des réserves qualifiées de significatives, dans un
environnement favorable aux investissements.
Selon les estimations, la
Lituanie pourrait receler dans son sous-sol 113 milliards de m3
de gaz de schiste. A l’aune de la consommation actuelle de gaz (3,4 milliards
de m3), la Lituanie pourrait se passer de fournisseur actuel et
unique de gaz, Gazprom, pendant une bonne trentaine d’années. L’exploration a
déjà commencé en Mai 2012 dans la région de Šilutė (ouest de la Lituanie) par
la société Minijos nafta (joint
venture entre la Lituanie et le Danemark).
La Lituanie pourrait
annoncer un appel d’offre international pour explorer et exploiter le gaz de
schiste dans d’autres zones. L’américain Chevron (deuxième producteur des
Etats-Unis derrière Exxon, qui a acheté dans ce but 50 % de la compagnie d’extraction
lituanienne LL Investicijos), la deuxième société lituanienne, Lotos Geonafta,
contrôlée par le Polonais Lotos, et la troisième société lituanienne,
Manifoldas, sont intéressées.
En France, le gaz de
schiste est tabou que ce soit à droite ou à gauche, la fracturation hydraulique
menaçant de pollution les nappes phréatiques. Non seulement son exploitation
est interdite par la loi (Juillet 2011), mais toute étude pour améliorer l’extraction
est et reste interdite, en dépit des recommandations du rapport Gallois. Les
pays exportateurs de gaz naturel en France (Norvège : 36,8 %, Pays-Bas :
16,8 %, Russie : 16,1 %, Algérie : 15,4 % - chiffres de 2010) se
frottent les mains !
Les opinions publiques européennes
sont en fait divisées entre celles qui redoutent la technique de fracturation
et celles qui redoutent Gazprom. Mais le futur gouvernement lituanien, réputé plus
russophile que le précédent,
gardera-t-il le même cap ?
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