(NB : les dates sont
données dans notre calendrier grégorien)
Paradoxalement, alors qu’il
avait vaincu Napoléon en 1814 et 1815 et conduit les troupes russes jusqu’à
Paris, c’est le Tsar Alexandre 1er
qui introduisit le ver dans le fruit. En effet, de retour d’Europe occidentale,
de nombreux jeunes officiers, aristocrates russes, se mirent à rêver de la
réforme du régime tsariste, inspirée des institutions démocratiques d’Europe
occidentale, où le servage était aboli depuis longtemps et où les régimes
étaient parlementaires.
Le Tsar Alexandre 1er - Les Grand-ducs Constantin et Nicolas sont ses frères |
Or, Alexandre 1er
meurt, relativement mystérieusement, le 1er
Décembre 1825 à Taganrog, dans le sud de la Russie. Il s’ensuit une période
de flou de trois semaines. En effet, le premier dans l’ordre de succession, le
Grand-duc Constantin Pavlovitch, frère
du feu Tsar, avait renoncé depuis 1823 au trône en raison de son mariage
morganatique, mais cette disposition avait été tenue secrète. Le suivant, le
Grand-duc Nicolas Pavlovitch,
ignorait qu’il avait été désigné héritier présomptif !
Il s’ensuivit un sketch de
plusieurs jours où les deux frères s’échangèrent des lettres (Constantin
résidait en Pologne), l’un (Nicolas) prêtant serment à l’autre, l’autre
(Constantin) réaffirmant sa renonciation au trône de Russie.
Le 26 Décembre 1825, alors que le Grand-duc Nicolas hésite encore à
succéder à son défunt frère, l’un des chefs des insurgés, le Prince Serge Troubetzkoï
réunit les Officiers réformateurs sur la place du sénat à Saint-Pétersbourg et
tente de soulever la garnison. Le but du coup d’Etat est d’imposer un train de
réformes abolissant le servage et garantissant la liberté d’opinion et d’expression.
Sur la place du Sénat, à Saint-Pétersbourg |
Le gouverneur de la
capitale, le Général comte Mikhaïl Miloradovitch, venu parlementer, est malencontreusement
tué. Le Grand-duc Nicolas donne alors l’ordre de tirer au canon contre les
insurgés. A la fin de la journée l’insurrection était écrasée dans le sang (70
morts).
Cinq des conjurés furent
condamnés à mort par pendaison, des dizaines (121) furent condamnés à l’exil en
Sibérie, deux se suicidèrent avant d’être condamnés. Pendant tout son règne, Nicolas 1er s’inscrira dans
le conservatisme le plus absolu. La crise décabriste lui sert de prétexte pour
installer un régime particulièrement répressif fondé sur l’ordre et la
discipline militaire. Mais c’est sous son règne qu’aura lieu la guerre de
Crimée qui révélera les faiblesses structurelles de l’Empire russe.
Le Tsar Nicolas 1er |
Ce n’est qu’à la mort de
Nicolas 1er et à l’avènement de son fils Alexandre II (couronné le 7
septembre 1856), dit « le Libérateur », que les quelques survivants
(une vingtaine) seront autorisés à rentrer chez eux.
Cette page révolutionnaire
de la Russie ne pouvait qu’être commémorée par le pouvoir soviétique, comme le
montrent par exemple ces timbres émis en 1950.
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