Depuis les trois
partitions de la Pologne – Lituanie (1772, 1793, 1795), le Grand-duché de
Lituanie était partie intégrante de l’Empire russe. Après l’échec du
soulèvement de 1863, la Lituanie fut même soumise à une politique de
russification et de restriction des droits politiques. Mais ces décisions
eurent un impact relativement limité sur le « Réveil National Lituanien » (Lietuvių tautinis atgimimas) et les premiers partis
politiques lituaniens avaient même inscrit l’autonomie de la Lituanie au sein
de l’Empire russe à leur programme.
Le Tsar Nicolas II |
La situation évolua
après le « Dimanche
sanglant » lorsque, le 22
Janvier 1905, la Garde impériale tira à Saint-Pétersbourg, notamment
perspective Nevski, sur la foule désarmée, conduite par le Pope Georgy Gapon, venue présenter une pétition au Tsar Nicolas II.
Le Tsar était absent du Palais d’Hiver, mais le peuple russe perdit toutefois
toute confiance en lui.
A la suite de cet
événement tragique, l’agitation se développa, que ce soit dans les villes et
les campagnes, voire dans l’Armée (c’est à partir du 14 Juin 1905 que se
déroule à Odessa la mutinerie du cuirassé Potemkine). Les bourgeois
demandaient des libertés constitutionnelles et politiques, les ouvriers
exprimaient des revendications sociales, les paysans occupaient les grands
domaines. En Pologne, en Finlande, dans le Caucases et dans les Provinces
baltes, les nationalités demandaient leur autonomie.
Le comte Sergei Witte |
Le décret le plus
important, le Manifeste
d’Octobre, fut pris le 30 Octobre
1905 par le Tsar, sous l’influence du Comte Sergei Witte, Président du
Comité des Ministres. Le Manifeste accordait les libertés civiles de base, et
les libertés d’association, de la presse, de religion et de parole. Il
accordait en outre le droit de vote aux hommes. Ce Manifeste fut le précurseur
de la première Constitution russe du 23 Avril 1906.
Le Manifeste d’Octobre
annonçant l’intention d’organiser des élections à la Douma, les Lituaniens
prétextèrent de la nécessité de préparer ces élections pour convoquer un
Seimas, au sens approchant que celui-ci avait dans le Grand-duché de Lituanie
(réunion de la noblesse sur demande du Grand-duc ou lors d’un interrègne).
Initialement, l’organisation était assurée par le Parti Démocrate Chrétien et
par le journal modéré Vilniaus Žinios.
Le lieu de la réunion, actuelle salle de concert de l'orchestre philarmonique |
Le 4 Décembre 1905, 2 000 délégués
convergèrent vers Vilnius. Parmi eux, on remarquait 7 femmes, ce qui fit
peut-être de ce Seimas le premier Parlement en Europe à inclure des femmes. La
Présidence échut à Jonas Basanavičius,
promoteur de l’identité nationale de la Lituanie et fondateur du premier
journal en langue lituanienne, Aušra.
Jonas Basanavičius en 1890 |
Le sujet traité le
plus important fut celui de l’autonomie. Une rumeur courait selon laquelle des
politiciens russes souhaitaient accorder son autonomie à une Pologne dans
laquelle serait incorporée la Lituanie. En réaction, une large majorité de
délégués du Grand Seimas demandèrent l’autonomie des « territoires ethnographiquement
lituaniens », incluant le Gouvernorat de Suwałki, à l’époque partie de la Pologne du Congrès.
Une résolution fut
adoptée et imprimée à 36 000 exemplaires dans la nuit du 5 au 6 Décembre.
Elle stipulait que le gouvernement tsariste était le pire ennemi de la
Lituanie, demandait l’autonomie, estimait les moyens acceptables pour y
parvenir et demandait que l’enseignement se fasse dans la langue maternelle des
enfants par des professeurs choisis par le peuple.
Carte du découpage administratif de la Lituanie jusqu'en 1914 |
Les mesures adoptées
furent mises en œuvre dans 50 % des volosts (divisions administratives
comparables aux rajons actuels). Mais, après une période de flottement,
les forces susses reprirent les choses en main de façon « relativement »
pacifique. De nombreux leaders lituaniens furent toutefois arrêtés et envoyés
en Sibérie.
Pendant ce temps-là, à
Moscou, la répression battait son plein et des affrontements firent plus d’un
millier de morts entre le 22 Décembre 1905 et le 1er Janvier 1906.
Nicolas II avait néanmoins octroyé une Constitution garantissant les libertés
fondamentales et une Douma fut élue. Mais celle-ci fut dissoute par deux fois
jusqu’à l’élection d’une majorité docile et favorable au Tsar. On en était
revenu à un fonctionnement de type autocratique …… jusqu’en 1917.
Grandes armoiries de l'Empire russe jusqu'en 1917 |
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