"Guerre du
fromage" ou "guerre du lait" fait un peu titre de dessin animé. Et on pourrait être tenté de
parler de guerre picrocholine, déclenchée, selon la définition, pour des
raisons obscures ou ridicules. Excepté que cette « guerre » entre la
Lituanie et la Russie est tout sauf anodine.
Depuis le 7 Octobre 2013, les camions lituaniens transportant du
fromage ou/et du beurre sont interdits d’entrée en Russie.
Officiellement, cet
embargo a été imposé par la Russie pour des raisons sanitaires. Le service
russe de contrôle vétérinaire et phytosanitaire, Rosselkhodnadzor, aurait invoqué un affaiblissement des contrôles
des produites laitiers en Lituanie pouvant entraîner des préoccupations. Aucune
substance nocive n’a toutefois été décelée.
Les pertes lituaniennes
sont estimées à 2 à 3 millions d’Euros par jour du fait de cet embargo. 20 %
des exportations lituaniennes vers la Russie sont en effet constituées par des
produits laitiers.
Pour les autorités
européennes, les réelles motivations seraient politiques et la Commission
Européenne n’a pas tardé à réagir en annonçant qu’elle envisageait de porter
plainte auprès de l’Organisation Mondiale du Commerce, ce qui, il faut le
reconnaître, n’a rien changé !
Il est notoire que le
Président Poutine est irrité par l’activisme de la Lituanie en amont du sommet
du Partenariat Oriental (28-29 Novembre derniers). La Lituanie n’est pas la
seule à être l’objet de pressions économiques puisque sont également dans le
collimateur le chocolat ukrainien (depuis le 29 Juillet 2013) et le vin
moldave. La Lituanie avait déjà eu à subir une guerre du lait en 2009.
En marge, la Présidente
lituanienne, Dalia Grybauskaitė a été l’objet d’attaques personnelles dans les
médias russes, ceux-ci insinuant qu’elle travaillait pour le KGB lorsqu’elle
étudiant à l’Université de Leningrad. Ce qui ne manque pas de sel quand on connaît
le passé du Président russe !
Pour l’anecdote, les
habitants de l’exclave russe de Kaliningrad protestent contre cet embargo
imposé par leurs propres autorités fédérales car ils ne reçoivent plus de
produits laitiers ……
Derrière ces escarmouches
commerciales, il y a en toile de fond la guerre du gaz qui semble être le
véritable enjeu d’un rapprochement potentiel entre l’UE et la Russie. La
Lituanie est totalement dépendante de la Russie pour son approvisionnement en
gaz dont le prix est notoirement fixé « à la tête du client ». La
Lituanie paye ainsi son gaz 30 % plus cher que l’Allemagne. Vilnius tente de
briser ce monopole par la construction d’un terminal de gaz naturel liquéfié
qui devrait être opérationnel fin 2014.
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