En ce 18 Juin, où est célébré le 70ème anniversaire de l’Appel du Général de Gaulle du 18 Juin 1940, je voudrais évoquer le destin extraordinaire de Romain Gary, romancier multi-visages, mais aussi véritable héros de la seconde guerre mondiale.
Né Roman Kacew le 8 Mai 1914 dans la communauté juive de Vilnius, alors sous domination russe, il est déporté avec sa mère en tant que Juif des Pays baltes, soupçonnés d’espionnage au profit des Allemands ! Revenus en 1921 à Vilnius (occupée entre temps par les Polonais) en 1921, puis à Varsovie en 1927, la mère et le fils émigrent finalement en France, à Nice, en 1929. Cette jeunesse est décrite dans son roman autobiographique « La promesse de l’aube », qui lui apportera une renommée internationale.
Naturalisé Français en 1935, Roman Kacew est appelé au service militaire en 1938 pour servir dans l’aviation, et il devient élève observateur à l’Ecole de l’Air d’Avord. En Juin 1940, il est à Bordeaux Mérignac et décide de rallier les Forces Françaises libres, s’évadant de France par avion. Après un périple passant par Alger, Meknès, Casablanca, Gibraltar et Glasgow, il est affecté au Moyen-Orient (il combat notamment lors de la bataille de Koufra – Février 1941) puis, en Février 1943, au Groupe de Bombardement Lorraine sur le front de l’ouest. C’est à cette époque qu’il prend le nom de guerre de Gary, qui signifie « brûle ! » en Russe.
Le Lieutenant Gary se distingue particulièrement le 25 Janvier 1944 quand, leader d’une formation de six bombardiers, blessé par un éclat d’obus, il guide sa formation avec suffisamment de maitrise pour réussir un bombardement très précis d’un site de V1 et ramener l’escadrille à sa base. Il effectuera 25 missions offensives totalisant plus de 65 heures de vol de guerre.
Démobilisé en 1945, il entrera alors dans la carrière diplomatique (il sera notamment Consul Général de France à Los Angeles) et publiera son premier roman. La suite de sa carrière littéraire est plus connue, notamment le fait qu’il ait reçu deux fois le Prix Goncourt sous deux noms différents.
Romain Gary était Commandeur de la Légion d’Honneur, Croix de Guerre 39/45 avec deux citations, et Compagnon de la Libération.
Quel ironie pour un juif d'avoir été déporté pour avoir prétendument collaboré avec les allemands.
RépondreSupprimerEn tout cas merci pour ces informations sur ce personnage qui m'était inconnu.
J'en profite pour m'indigner une fois de plus du fait que l'on ait pas parlé de la bataille de Waterloo, qui a eu lieu un 18 Juin également. Ca aussi c'est le devoir de mémoire mais Napoléon ne semble pas en faire partie.
Vous savez que, de tous temps, les Juifs ont été opprimés sous l'empire russe (les fameux pogroms), et, par la suite, Staline n'a fait que reprendre une vieille habitude.
RépondreSupprimerIl y aurait eu beaucoup de choses à dire sur Romain Gary, personnage extraordinaire, mais paradoxalement je manque de temps en cette période de vacances. En ce 18 Juin, j'ai choisi le côté combattant de la France Libre.
J'avais suggéré son nom dans une courte liste qu'on m'avait demandée pour le "baptême" de la nouvelle Ecole Française de Vilnius. Il avait l'inconvénient d'avoir été divorcé et de s'être suicidé. Mon préféré était Adomas Mickevičius (ce qui aurait eu, en plus, l'intérêt de rappeler qu'il était Lituanien et non pas Polonais). Il a été choisi Montesquieu .... que je n'avais pas suggéré car celui-ci n'a aucun rapport avec la Lituanie.
Enfin, je reconnais que les médias français ont surtout parlé hier du Waterloo footbalistique de la France .....
Merci Gilles pour ce petit post qui me rapelle (encore une fois)que je dois (vraiment) lire "La promesse de l'aube".
RépondreSupprimerPour Waterloo il y a eu ce matin et sous une drache bien belge une très grande reconstitution de la bataille sur le lieu même ou elle a eu lieu il y a 195 ans.
Cette reconstitution était apparamenent une répétition de la très grande prévue pour dans 5 ans.
A force d'en parler, il faudrait aussi que je lise "La promesse de l'aube" .....
RépondreSupprimerJ'avais vu effectivement que les Belges (? les Wallons ? les Flamands ?) célébraient avec grandeur Waterloo. Dommage que les Lituaniens ne souhaitent pas, a priori, faire quoi que ce soit pour le bicentenaire de la campagne de Russie. Et là, il ne reste plus que deux ans !
Bonjour, je savais que Romain Gary, immense écrivain était juif, mais je ne connaissais pas ses origines lituaniennes. Et revoila la preuve de l'intéret de votre (vos) blogs ! Par contre je m'interroge : "il avait l'iconvénient d'être divorcé et de s'être suicidé..." dites-vous. L'inconvénient pourquoi ? et pour qui ?
RépondreSupprimer@ Denis
RépondreSupprimerDans le cadre de la recherche d'un nom pour la nouvelle école française, on m'avait demandé de suggérer des noms de personnages aussi bien connus des Français que des Lituaniens, ayant un rapport avec la Lituanie et faisant consensus.
Parmi les noms suggérés, j'avais listé Romain Gary, mais en soulignant que le fait qu'il ait été divorcé et qu'il se soit suicidé pouvait heurter la sensibilité de certains, surtout en Lituanie catholique.
Comme je l'ai dit plus haut, c'est Montesquieu qui a été choisi, que je n'avais pas suggéré parce qu'il n'a strictement aucun rapport avec la Lituanie.