Pages vues le mois dernier

mercredi 8 septembre 2010

Mort d’un journaliste au Bélarus



Je critique assez souvent les journalistes quand ils écrivent des bourdes d’une façon récurrente. On m’en fait d’ailleurs, aussi régulièrement, le reproche. Mais je suis prêt à reconnaitre haut et fort que ce métier est un métier à risque. Que l’on se souvienne des meurtres (entre autres) d’Anna  Politkovskaïa et de Natalia Estemirova en Russie ou des journalistes de France 3, Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier, otages en Afghanistan. La mort d’un journaliste au Belarus vient de nous apporter un nouvel exemple.
Le 3 Septembre à 17H30, le journaliste Aleh Byabenin (photos ci-dessous) était retrouvé pendu dans sa maison de campagne près de Minsk. Il avait 36 ans. Très vite, le procureur a annoncé que c’était vraisemblablement un suicide. Un peu trop vite même, sans doute, puisque c’était avant l’autopsie du corps. Et que les scellées n’ont été mises ni sur la voiture ni sur la maison du journaliste, pas plus que les empreintes digitales relevées. Très vite, son entourage a mis en doute cette hypothèse ; il rentrait de vacances en Grèce, n’avait de problème ni dans sa famille ni a son travail ; dans la journée du 2, il avait envoyé des SMS à ses amis pour organiser une soirée cinéma le soir le soir même; enfin, il n’a laissé aucun message expliquant son éventuel geste. 

Car Aleh Byabenin n’était pas un journaliste comme les autres au pays de M. Lukashenka. Il avait créé le site Charter97 (http://www.charter97.org/en/news/) qui demeure à ce jour, et ce depuis plusieurs années, le site incontournable de l’opposition au dit-Lukashenka, et il en était le responsable. De plus, il conseillait Andrei Sannikov, candidat du mouvement d’opposition “European Belarus”, aux prochaines élections présidentielles. Enfin, il enquêtait sur les mystérieuses disparitions d’opposants à Lukashenka. Aleh Byabenin était donc quelqu’un de très  gênant.  

Ce qui est nouveau, c’est que, compte tenu des relations actuellement exécrables entre la Russie et le Bélarus, c’est que les télévisions russes mettent en doute la version officielle du suicide, allant jusqu'à parler ouvertement d’assassinat politique. Et les Bélarusses sont cette fois informés de ce qui se passe réellement chez eux grâce aux télévisions russes, ce qui n’est pas le moindre des paradoxes ! En outre, l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe, l’OSCE, le Président du Parlement européen ont demandé des explications. Il serait d’ailleurs temps que les grands leaders se décident à faire de même.
Cette mobilisation autour de sa mort suspecte ne ramènera pas Aleh Byabenin aux siens. Mais ça risque de faire vaciller le trône d’Alyaksandr Lukashenka. On rappellera au passage que l’on attend toujours que le « Parlement » bélarusse veuille bien fixer la date des élections présidentielles qui devraient avoir lieu, conformément à la Constitution, avant le 6 Février 2011.

7 commentaires:

  1. Votre post est très intéressant.
    Il ne reste plus qu'à attendre les prochaines élections présidentielles au Bélarus pour voir si la mort de ce courageux journaliste pourra faire basculer le régime d'Alyaksandr Lukashenka....

    RépondreSupprimer
  2. Merci Marianne.

    Le probleme est double (voire triple):

    1) savoir qui Moscou va soutenir pour avoir, comme en Ukraine, un candidat elu a sa main;
    2) le regime a un tel entrainement pour truquer les resultats que ca ne peut sans doute pas changer du jour au lendemain;
    3) objectivement, une majorite de la population etait jusqu'a present satisfaite des avantages acquis de style sovietique.

    Si rien en change et que Luka est reelu, l'apres-elections risque d'etre quand meme interessant.

    RépondreSupprimer
  3. je me demande si l'opinion publique (elle existe au moins?) va réagir. J'en doute. En Ukraine aussi, un meurtre de journaliste m'avait marquée (ce n'est pas récent): http://en.wikipedia.org/wiki/Georgy_Gongadze

    RépondreSupprimer
  4. Le probleme c'est que la police, au Belarus comme a d'autres endroits) a l'oeil et qu'elle intervient sur tout rassemblement (je l'ai vue a l'oeuvre en Avril 2006).

    Georgy Gongadze c'etait en 2000 et le President ukrainien de l'epoque etait soupconne d'etre mele a l'assassinat. Mais ca n'avait pas empeche celui-ci de rester au pouvoir jusqu'en Janvier 2005.

    Comme disait une pub celebre "Nous n'avons pas les memes valeurs" !

    RépondreSupprimer
  5. Tiens, à propos de la Biélorussie et du thème des "petits pays" qui revient souvent... A l'occasion du match de foot entre la France et ce pays. Avant la rencontre, des journalistes à la télé prenaient de haut l'équipe et se sont moqués du pays. "D'abord, montrez-nous où c'est la Biélorussie, car personne ne connaît". Et tout le plateau a éclaté de rire. Désolant!

    RépondreSupprimer
  6. Ce qui est surtout desolant, c'est effectivement cette attitude arrogante cachant en fait une ignorance recurrente.

    Selon quoi, il y a une justice .....

    Je me souviens de TV5 Monde, qui se gargarise d'etre "LA chaine francophone", qui nous a quand meme place un soir Riga en Lituanie ..... (et, pour etre sur qu'on ait compris, ca a bien ete sous-titre:"Riga (Lituanie)"

    NB: pour memoire la Lituanie joue ce soir en quart de finale de la coupe du monde de basket. La France est, elle, deja eliminee.

    RépondreSupprimer
  7. A propos justement du meutre de Gueorgui Gongadze http://fr.rian.ru/ex_urss/20100909/187404081.html

    RépondreSupprimer