Balzac en 1842 (daguerréotype de Nadar) |
La comtesse « polonaise »
Ewelina Hańska (1801 – 1882),
retirée dans son domaine de Verkhovnia (district de Jitomir, en Volhynie alors dans
Empire russe, aujourd’hui ukrainienne) lisait beaucoup de romans français. Elle
devint une fervente admiratrice d’Honoré
de Balzac (1799 – 1850) avec qui elle engagea, à partir du 28 Février 1832,
une correspondance qui durera 18 ans.
La comtesse Hanska |
Balzac et Mme Hańska se
rencontrèrent pour la première fois le 25 Septembre 1833 sur les bords du lac
de Neuchâtel et l’auteur tomba follement amoureux de son admiratrice. Celle-ci,
veuve en 1841, ne se décidera à épouser l’écrivain que le 14 Mai 1850, en
Ukraine, trois mois avant la mort de celui-ci (18 Août 1850).
Balzac et Mme Hańska se
retrouvèrent plusieurs fois en Europe, y compris à Paris où Mme Hańska décéda
par la suite, le 10 Avril 1882 (elle est inhumée aux côtés de Balzac au
cimetière du Père Lachaise). Balzac, lui, fit trois fois le voyage vers l’Empire
russe, une fois en 1843 (Juillet – Novembre, à Saint-Pétersbourg) et deux fois
en Ukraine (Septembre 1847 – Janvier 1848 et Octobre 1848 – Mars 1850). C’est le voyage à
Saint-Pétersbourg qui nous intéresse.
Balzac quitta Paris le 19 Juillet
1843, pour s’embarquer le 21 à Dunkerque sur un paquebot à vapeur, Le Devonshire. Il arriva à
Saint-Pétersbourg le 29 Juillet. Il quittera la capitale russe le 7 Octobre
1843 par la malle-poste qui traverse les provinces baltes. On connaît les détails
de ce voyage grâce au sculpteur russe Ramazanoff qui se rend à Rome, et qui donne
des détails pittoresques sur son compagnon de voyage dans une série de lettres.
Par exemple, à Narva
(Estonie), Balzac fait la grimace lorsqu’on lui sert des lamproies au petit
déjeuner …… A Dorpat (Tartu en Estonie) il s’indigne de son bifteck. A Riga,
il souligne « l’activité bruyante d’une ville commerçante ». A Mitau
(Jelgava en Lettonie), il a une faim de loup, mais il s’indigne cette fois « de
la lavasse qu’on {lui} avait servi en guise de soupe » ! Mais il se
calme lorsqu’on lui apporte une omelette. A Tauroggen (Tauragė en
Lituanie), le 10 Octobre, « il trouva un excellent petit déjeuner et du bon
thé ». Il sort même sa dernière bouteille de Sauternes d’un voyage
décidemment péri-gastronomique pour arroser ça !
Tauragė est une petite
ville de 27 000 habitants, à la frontière avec l’exclave russe de Kaliningrad,
jadis ville-frontière avec (en 1843) la province de Prusse, capitale Königsberg.
Tauragė est surtout célèbre pour la Convention signée le 30 Décembre 1812 entre le Général prussien Ludwig Yorck von
Wartenburg et le général de l'Empire Russe d'origine allemande von Diebitsch,
par laquelle le premier cité trahissait Napoléon.
Mais ce 10
Octobre 2013, la Municipalité de Tauragė avait choisi, 170 ans plus tard, jour pour
jour, de célébrer le passage du grand écrivain français (et même tourangeau ……),
en dévoilant une plaque rappelant l’événement en présence de S.E. Madame Maryse
Berniau, Ambassadeur de France en Lituanie. En tant que thuriféraire de l’amitié
franco-lituanienne, je ne peux que me réjouir de l’initiative de la
Municipalité de Tauragė en quête des traces de son patrimoine culturel
européen. http://www.ambafrance-lt.org/Sur-les-pas-de-Balzac
Pour finir, je ne peux
résister à la description par Ramazanoff du passage de la frontière entre la
Russie/Lituanie et la Prusse : « A
l’approche de notre frontière avec la Prusse, nous ne vîmes pas la sentinelle,
qui, comme sa guérite, était cachée par la verdure. Sur l’immense espace s’étendant
devant nous, il n’y avait que deux poules qui se promenaient. Voyez, un grand
empire comme la Russie est gardé par des poules, put à peine articuler Balzac
en s’esclaffant de sa remarque » !
Pour en savoir plus sur
Balzac en Russie :
« Balzac dans l’Empire russe – De la
Russie à l’Ukraine », Paris-Musées / Editions des Cendres, 1993
un billet très complet
RépondreSupprimerles voyages devaient être sacrément rudes à l'époque et j'admire quelqu'un qui fit trois fois le voyage vers la Russie
je souris à vos remarques sur les goûts de Balzac un peu opposés à la cuisine Balte
de l'époque
je trouve bien sympathique cette reconnaissance de la municipalité
je ne parviens pas à enregistrer l'adresse de mon blog sur la liste alors le voilà
http://asautsetagambades.hautetfort.com
Et encore, Balzac c'était au XIXe siècle. Imaginez Guillebert de Lannoy, chevalier venu "casser" du païen au début du XVe siècle et qui a fait du tourisme hivernal (car marais et rivières étaient gelés et permettaient de se déplacer) depuis Königsberg vers Nijni Novgorod, en passant notamment par Kaunas. La fourrure polaire n'avait pas encore été inventée......Sans parler des soldats de la Grande Armée, qui étaient équipés pour une guerre fraiche et joyeuse qui ne devait pas dépasser l'été .....
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