Depuis des mois, on se
demandait de quel côté l’Ukraine allait tomber : est ou ouest, Russie ou
Union Européenne ?
Ce jeudi 21 Novembre 2013,
l’Ukraine a choisi de tourner le dos à l’Europe. La Rada (Parlement), ou plutôt
le « Parti des Régions » du Président Ianoukovytch qui y est
majoritaire, a rejeté le matin les six propositions de loi qui auraient permis
à l’ancien Premier Ministre Ioulia Tymochenko d’aller se faire soigner en Allemagne.
Cette libération était la condition sine
qua none pour que l’Union Européenne signe avec l’Ukraine un Accord d’Association
économique.
Se retranchant derrière la
décision de la Rada, le Président Ianoukovytch a signé dès le début de l’après-midi
un décret mettant fin à toute négociation avec l’UE. Certains n’hésitent pas à
accuser Ianoukovytch d’avoir joué un double jeu, disant une chose à l’UE, mais
donnant des ordres en sous-main au Parti des Régions pour bloquer le processus
législatif.
Il est en tout état de
cause notoire que les menaces, notamment économiques, de la Russie sur une
Ukraine à l’économie en récession ont été déterminantes. Il faut d’ailleurs s’attendre
à ce que l’Ukraine engage désormais des négociations pour rejoindre l’Union
douanière dirigée par la Russie, regroupant déjà Bélarus, Kazakhstan et bientôt
Arménie.
L’Accord d’Association ne
sera donc pas signé à Vilnius les 28 et 29 Novembre prochains. En raison des
élections au Parlement européen de Mai 2014 et des élections présidentielles
ukrainiennes en Mars 2015, il est même douteux qu’il soit de nouveau à l’ordre
du jour du prochain sommet du Partenariat oriental à Riga, en 2015.
C’est une déception pour l’Union
Européenne et en particulier pour la Lituanie, Présidente en exercice du
Conseil de l’UE, qui avait fait de la signature de cet accord le point fort de
sa Présidence. C’est aussi une déception pour une majorité d’Ukrainiens (50 %
se disaient favorables à un traité avec l’UE, 48 % étaient contre), dont
certains sont descendus hier soir dans la rue.
Maidan Nezalejnosti (Place de l'indépendance) hier soir |
A terme, cette décision
risque, en plus, de menacer l’existence du Partenariat oriental lui-même. Privé
de l’Ukraine et de l’Arménie, avec un Bélarus au ban des nations occidentales,
la Géorgie et la Moldavie, qui doivent initier leur propre Accord d’Association
à Vilnius, étant potentiellement menacées par la Russie qui dispose de troupes
sur leur territoire, on ne voit pas à quoi pourrait servir ce qui risque d’être
désormais une coquille vide.
L’Ukraine, dont l’histoire
a été étroitement mêlée pendant des siècles à celle de l’Autriche, de la
Lituanie et de la Pologne, méritait sans doute mieux que ce psychodrame où j’ai
bien l’impression que le sort de Mme Tymochenko n’a été qu’un trompe l’œil !
Les négociateurs de l'UE, Aleksander Kwasniewski (à gauche) et Pat Cox |
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