Demain, samedi 2 Novembre
2013, aura lieu à Peynier (13790), au Rocher de la Garenne, la traditionnelle
cérémonie annuelle en hommage aux légionnaires ukrainiens qui, en 1940, s’étaient
engagés dans l’armée française.
A
partir des trois partages de la Pologne-Lituanie (1772, 1793 et 1795), la
nation ukrainienne est scindée en deux entités distinctes, l’une dépendant de
l’empire russe, l’autre de l’empire autrichien. Après la période troublée qui a
suivi la Première Guerre mondiale, la révolution bolchevique et une éphémère
indépendance (22 Janvier 1918), la partie ex-autrichienne, avec Lviv comme
ville principale, est intégrée à la Pologne en 1921, et la partie ex-russe,
avec Kyiv comme capitale, est intégrée à l’URSS créée en 1922. L’Ukraine transcarpatique
vote son rattachement à la Tchécoslovaquie et la Bucovine le sien à la
Roumanie.
Le
traité de Versailles faisait obligation à la Pologne de donner une large
autonomie à la Galicie peuplée d’Ukrainiens, ce qu’elle ne fera jamais.
L’Ukraine soviétique connaîtra, elle, un calvaire sous la dictature
stalinienne, avec notamment l’Holodomor, génocide par la faim, en 1932 –
1933. Après l’invasion de la Pologne en Septembre 1939, conformément à
l’accord Molotov – Ribbentrop, une République Socialiste Soviétique d’Ukraine
sera formée en Août 1940.
Le
15 Septembre 1939, l’Ambassadeur de Pologne en France
lance un appel à la mobilisation de tous les ressortissants polonais en France,
y compris donc les Ukrainiens possédant un passeport polonais. Ces derniers se
retrouvent devant un dilemme : soit refuser leur incorporation dans
l’armée polonaise qui occupait leur nation et les traitait en citoyens de
seconde zone, soit accepter de la rejoindre en dépit de leur idéal
d’indépendance.
Néanmoins,
grâce à leur ténacité, les Ukrainiens auront finalement le droit, qui leur
était initialement refusé, de s’engager dans la Légion Etrangère. Sur 7 000 dossiers de volontaires, ce sont ainsi 5 000 Ukrainiens
aptes au service qui vont participer à la Campagne de France dans les Flandres,
sous Sedan, sur la Somme (Mai 1940) et jusque sur la Saône (Juin 1940),
laissant sur les champs de bataille des centaines de tués. La dernière
résistance « pour l’honneur de l’Armée française » dans la région de
Lyon, le 19 Juin 1940, sera même l’œuvre des Légionnaires ukrainiens d’un
Bataillon de marche formé à Sathonay.
Depuis
le 20 Juin 1940, les légionnaires ukrainiens battent en retraite après les
combats pour la prise de Lyon. Ils arrivent le 22 Juin vers midi à Grenoble
sans s’y arrêter, de façon à ne pas être pris par l’ennemi.
Après
la signature de la convention d’armistice franco-allemande le 22 Juin 1940 à
18H30, dans la Forêt de Compiègne, dans le wagon de l’armistice de 1918, les
légionnaires ukrainiens (ils sont approximativement 950), qui étaient alors à
Grenoble, rejoignent Aix-en-Provence en train (24 Juin).
Le
27 Juin 1940 au matin, les Ukrainiens partent à pied vers la petite ville de Fuveau
(immédiatement à l’est de Gardanne, donc
au nord-est de Marseille). Le 8 Juillet, à l’occasion d’une marche vers le
village de Peynier (à 8 km à l’est de
Fuveau), les Ukrainiens décident de sculpter un Tryzub (Trident,
blason de l’Ukraine) sur un rocher, le Rocher de la Garenne, en souvenir
du séjour en ces lieux. Les gravures, à la symbolique ukrainienne et
légionnaire, ont été vraisemblablement terminées le 16 Juillet 1940 et seraient
l’œuvre d’Ivan Kurok.
Le 30 Juin 2007, la
municipalité de Peynier a inauguré le « Sentier des volontaires
ukrainiens » et, le 2 Novembre 2008, la Légion Etrangère a apposé une
plaque commémorative au pied du rocher de Peynier, commémorant les volontaires
ukrainiens. Depuis, une cérémonie a lieu chaque 2 Novembre à l’initiative de
l’ADVULE (Association des Descendants des Volontaires Ukrainiens de la Légion
Etrangère).
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