Le 28 Juin 1914, l’Archiduc d’Autriche François-Ferdinand, héritier du
trône austro-hongrois, et son épouse Sophie Chotek sont assassinés à Sarajevo
par un étudiant serbe, Gavrilo Princip. Peu de gens à l’époque ont pu imaginer
que c’était l’élément déclencheur d’une guerre qui a atteint une échelle et une
intensité inconnues jusqu’alors. En effet, l’exigence de vengeance de l’Autriche-Hongrie
qui entraîna mécaniquement l’activation d’une série d’alliances entre Etats
européens qui avaient des empires outre-mer, faisant de cette guerre une guerre
mondiale.
L'attentat de Sarajevo |
(NB : ne pas
confondre la Triple Alliance ou
Triplice, qui lie l’Autriche-Hongrie, l’Allemagne et l’Italie, et la Triple Entente entre le Royaume-Uni, la
France et la Russie – cf. carte)
Les alliances en 1914 |
Le 28 Juillet 1914, l’Autriche-Hongrie déclara la guerre à la Serbie. Le
29 Juillet 1914, la Russie, alliée de la Serbie, mais aussi par solidarité
orthodoxe, décrète la mobilisation partielle contre l’Autriche Hongrie et le 30
la mobilisation générale contre l’Allemagne. Ce, sans se concerter avec ses
alliés français et britanniques. Le 1er Août 1914, l’Allemagne déclare
la guerre à la Russie puis, le 3 Août, à la France. Faisant jouer les alliances,
le Royaume-Uni déclare la guerre à l’Allemagne le 4 Août.
A ce stade, il n’est sans
doute pas inutile de rappeler que le Grand-duché de Lituanie est nolens volens, depuis le 3ème
partage de 1795 de la Pologne - Lituanie, une partie de l’empire russe. Son nom
va jusqu’à disparaître, puisque le Grand-duché est divisé en provinces (Gubernija) de Vilnius, Kaunas et
Suvalkai, plus des parties des provinces de Gardinas (Grodno) et Minsk. Après l’insurrection
de 1863, l’alphabet cyrillique remplace même l’alphabet latin pour écrire la
langue lituanienne. Les précurseurs de la Lettonie et de la Lituanie, notamment
la Livonie, était passés de la tutelle suédoise à la tutelle russe dès 1721
(Traité de Nystad), la Courlande n’étant annexée qu’en 1795. Au cours du XIXe
siècle, les empires russes et allemands se font face, notamment en Lituanie, ce
qui explique par exemple la construction par les Russes d’une ceinture de forts
autour de Kaunas entre 1882 et 1915.
Le Grand-duc Nicolas |
Au début de la guerre, le
commandement suprême des armées russe est confié au Grand-duc Nicolas, 57 ans,
oncle du Tsar, qui n’a pris aucune part aux plans qu’il est chargé de mettre en
œuvre et qui n’a jamais commandé de troupes au combat. Les différentes armées
manquaient de coordinations entre elles, le Grand-duc se contentant de choisir
entre les diverses idées émises par les nombreux généraux, sans qu’elles soient
l’objet d’un plan cohérent. En outre, les soldats russes (4 millions d’hommes
sous les drapeaux + 27 millions de réservistes dont seulement la moitié sont mobilisables)
sont mal équipés, mal entraînés et mal commandés.
En fait, à l’est, il ne se
passe rien jusqu’au 17 Août 1914 !
Le Général von Rennenkampf |
Le 17 Août la Russie lance
deux armées contre la Prusse orientale, avec pour objectif Königsberg, et
quatre autre contre la province autrichienne de Galicie. Pour envahir la Prusse
orientale, la Première armée russe est commandée par le Général Pavel von
Rennenkampf (un germano balte d’Estonie) et la deuxième armée par le Général
Alexandre Samsonov. Or, ces deux généraux sont en conflit ouvert depuis 1905,
Samsonov accusant von Rennekampf de ne pas lui avoir porté assistance à la
bataille de Moukden.
Le Général Samsonov |
Les Russes de von Rennenkampf
remportent un succès initial à Gumbinnen
(20 Août 1914), surtout parce que le Generaloberst Maximilian von Prittwitz,
commandant la VIIIe armée allemande chargée de la défense de la Prusse
orientale, décide de retraiter derrière la Vistule, ses arrières étant menacés.
Décision inacceptable pour l’Etat-major allemand (von Moltke) qui le remplace à
la tête de la VIIIe armée par le Generalfeldmarschall Paul von Hindenburg, 67 ans, à la retraite depuis 1911.
Le 23 Août 1914, von Hindenburg reprend l’offensive et profite du fait
que les deux armées russes sont séparées, que leurs problèmes logistiques ne
sont pas réglés (manque de rations et de munitions) et que leurs communications
sont médiocres (ce qui permet aux Allemands de décrypter leurs codes). Laissant
un rideau minimum face à von Renennkampf, Hindenburg tend un piège à Samsonov
qui est encerclé près d’Allenstein (aujourd’hui Olsztyn). Les Russes ont 78 000
tués ou blessés (les Allemands 5 000 tués et 7 000 blessés) et 93 000
prisonniers. Incapable de supporter une telle
défaite, Samsonov se suicide le 29 Août. De son côté, Hindenburg obtient que
cette bataille soit nommée bataille de
Tannenberg, afin d’effacer l’humiliation de la bataille de Tannenberg / Žalgiris
du 15 Juillet 1410, perdue par les chevaliers Teutoniques contre les Lituaniens
et les Polonais !
Fantassins russes |
Cette victoire de
Tannenberg permet aux Allemands de se retourner contre la Première armée de
Rennenkampf et de la battre à la première
bataille des Lacs de Mazurie (7 – 15 Septembre 1914). L’offensive russe est
brisée, les troupes russes se replient sur leurs frontières et le front se stabilisera
jusqu’en 1917.
Mon grand père sibérien, mobilisé en 1916, dans sa lointaine Sretensk, à l'est d'Irkoutsk, et près de la frontière chinoise, alla renforcer la 2eme brigade russe sur le front d'Orient, cet été 1917, à Salonique. Le destin fit qu'après un détour dans la Légion étrangère, il échoua à Marseille, en 1919, où il se maria avec une italienne, ma grand-mère. Il ne retourna jamais dans sa chère Russie.
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