A l’occasion du 22ème
anniversaire de l’indépendance de l’Ukraine (24 Août 1991), le Président Viktor
Ianoukovytch s’est livré hier à son exercice habituel et favori
d’équilibrisme ! Dans le même
discours, il a à la fois déclaré « Pour l'Ukraine, l'association avec
l'Union européenne doit devenir une incitation importante en vue de constituer
un Etat européen moderne »
et « Au même moment, il nous faut
préserver et approfondir nos relations (et) processus d'intégration avec la
Russie » !
Ce numéro d’équilibrisme,
qui dure depuis des mois, va devoir bientôt cesser, exactement les 28 et 29
Novembre 2013, à l’occasion du Troisième sommet du Partenariat oriental qui se
tiendra à Vilnius (Litexpo). Ce
sommet réunira les chefs d'État ou de gouvernement des 28 États membres de l'UE
et des 6 pays du partenariat oriental (Bélarus, Moldavie, Ukraine, Géorgie,
Arménie et Azerbaïdjan), ainsi que les dirigeants des institutions de l'UE. A
cette occasion devrait être signé (ou pas) l’accord d’association entre
l’Ukraine et l’Union Européenne.
Un Accord de Stabilisation et d’Association
(ASA) est un traité international signé entre l’UE et certains pays candidats
potentiels à l’Union afin de les préparer à une adhésion future en introduisant
les règles communautaire (l’acquis communautaire) dans divers domaines. La
conclusion d’un ASA peut être suivie d’une demande d’adhésion à plus ou moins
longue échéance. Des ASA ont été signé dans le passé avec la Macédoine (2001),
l’Albanie (2006), le Monténégro (2007), la Serbie (2008), la Bosnie-Herzégovine
(2008).
Les entraves à une signature de
l’Ukraine en Novembre 2013 sont multiples et proviennent de plusieurs
directions.
Poutine et Ianoukovytch |
La Russie est farouchement opposée à un rapprochement entre l’Ukraine
et l’Union Européenne. La
« Révolution orange » en Ukraine en 2004 reste d’ailleurs le plus
grand cauchemar de Vladimir Poutine. Il faut dire que le (déjà) Président russe
était venu soutenir deux fois son candidat préféré, Viktor Ianoukovytch, ingérence
notoire dans la campagne des élections présidentielles, lesquelles s’étaient
avérées archi-truquées. Un nouveau scrutin avait conduit à l’élection du très
pro-occidental Viktor Iouchtchenko. Mais il semble
qu’aujourd’hui Viktor Ianoukovytch ne soit plus en odeur de sainteté au
Kremlin.
La Russie avait déjà prévenu l’Ukraine la semaine dernière qu’en cas de
signature d’un accord d’association «suicidaire» avec l’Union européenne,
Moscou renforcerait les contrôles de marchandises ukrainiennes à la frontière
entre les deux pays. Or, l'économie
ukrainienne dépend en bonne partie de ses exportations d'acier, de charbon, de
produits d'hydrocarbures, de céréales et de produits chimiques qui vont à plus
de 60% vers d'autres anciennes Républiques soviétiques, en premier lieu la
Russie, le Bélarus et le Kazakhstan, les trois membres de l’Union Douanière, lancée le 6 Juillet
2012.
En guise d’avertissement, la Russie a d’ailleurs
envoyé, la semaine dernière, un avertissement en bloquant toutes les
importations du géant chocolatier ukrainien Roshen et en faisant des contrôles de qualité
chronophages sur toutes les importations ukrainiennes. Ce que l’Ukraine a
qualifié de guerre commerciale et ce qui pourrait préfigurer les représailles
qui pourraient l’attendre. Mais, pour l’instant, il s’agit bel et bien de
chantage !
Peut-il laisser l'Ukraine "partir" ? |
L’Union Européenne, elle, serait
prête à signer l’ASA « si
Kiev fait des progrès dans le respect de l’Etat de droit et reconsidère la
situation de l’opposante et ex-Premier ministre Ioulia Tymochenko ». En effet, si personnellement je ne pense
pas que Mme Timochenko, emprisonnée pour 7 ans pour abus de pouvoir, soit
blanche comme neige, il est notoire qu’une grande partie des motivations de sa
condamnation sont politiques. Il ne faut toutefois pas être grand clerc pour
deviner qu’il y a actuellement d’intenses tractations entre l’UE et l’Ukraine
pour que, par exemple, Mme Tymochenko puisse être hospitalisée en Allemagne
contre l’assurance qu’elle ne se mêlera pas de politique intérieure
ukrainienne, notamment à l’occasion des élections présidentielles de 2015.
Il ne faut pas négliger non plus la frilosité de certains membres de l’Union Européenne qui, sous la pression de
leurs opinions publiques, pas toujours bien informées, europhobes ou
eurosceptiques, qui ne montrent pas un enthousiasme débordant à l’idée d’une extension
potentielle de l’UE alors que, dans le cas de l’Ukraine, il ne s’agit pour l’instant
que de la rapprocher des acquis européen.
De quel côté va-t-il "tomber" ? |
Enfin, il y a l’Ukraine
elle-même, ou plutôt le régime de M. Ianoukovytch, qui voudrait bien retirer les
avantages (les « mauvaises langues » disent à son propre profit) et
de l’Accord d’Association avec l’UE et de son statut d’observateur auprès de l’Union
Douanière. Mais l’une comme l’autre des parties ont déjà déclaré que c’était
soit l’un, soit l’autre, mais pas les deux à la fois ! On peut également
se poser la question du pouvoir réel du lobby pro-russe en Ukraine. Le tout dans la perspective des élections présidentielles de 2015, que Ianoukovytch espère bien de nouveau gagner.
Réponse les 28 et 29 Novembre à Vilnius/Litexpo.
Pour l'Arménie en tout cas ça sent le pâté :
RépondreSupprimerhttp://online.wsj.com/article/SB10001424127887324577304579054931777439514.html?mod=WSJEurope_hpp_LEFTTopStories
A voir s'il y aura un "effet domino" en novembre avec l'Ukraine.
Ce que ne rappelle pas cet article c'est que Le chantage et les pressions sont des deux côtés. Pression politique de l'Union européenne pour faire libérer Mme Timochenko (interférence dans la vie politiqsue ukrainienne) et pression financière de l'Union européenne qui dans le cadre du Partenariat oriental accorde un soutien financier à l'Ukraine et à 6 autres pays de l'ex Union soviétique, sous couleur que ces pays dont l'Ukraine transcrivent dans leur droit l'acquis communautaire européen. De l'autre côté pression commerciale de la Russie.
RépondreSupprimerBref et si l'Ukraine restait en dehors de ces 2 unions (Union européenne et Union douanière)
Il n'y a aucune mesure entre le chantage exercé par la Russie, non seulement sur l'Ukraine, mais sur la Lituanie, la Moldavie, la Géorgie, etc....., qui porte sur des relations commerciales à grande échelle, et les pressions exercées par l'UE pour que la dame Tymochenko, dont l'incarcération est principalement politique, soit libérée.
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