Gag morbide ce mercredi 7
Août soir : des hackers ont piraté le compte Twitter en allemand de l’agence
de presse russe RIA-Novosti et y ont annoncé la mort du dernier dirigeant de l’Union
soviétique, Mikhaïl Gorbatchev. Celui-ci a démenti lui-même dès le lendemain
dans le tabloïd bihebdomadaire dont il est actionnaire, Novaïa Gazeta.
Une occasion de rappeler brièvement
aux jeunes générations qui fut Gorbatchev, et aux moins jeunes ce qu’il est
devenu.
Né en 1931 dans le nord Caucase,
il suit la carrière classique d’un apparatchik communiste : komsomolets
(membre des jeunesses communistes), membre du Parti en 1950, dirigeant de la ville
de Stavropol en 1962. Il est remarqué par Iouri Andropov, alors Président du
KGB, et est élu grâce à lui en 1971 au Comité Central du Parti communiste, dont
il devient secrétaire en 1978, puis il entre au Politburo en 1980 à 49 ans.
Après 15 ans de pouvoir
des gérontes (Brejnev, Andropov, Tchernenko), le choix par le Politburo de
Gorbatchev comme Secrétaire général du Comité central du Parti communiste de l’Union
soviétique à l’âge de 54 ans, en 1985, est une révolution ! Dans un
contexte de stagnation économique et de chute des cours du pétrole, qui
empêchent l’URSS de poursuivre le rythme effréné de la course aux armements, Gorbatchev
n’a pas d’autre choix que de songer à la détente et au désarmement. C’est son
éminence grise, Alexandre Iakovlev, qui lui inspire successivement
la glasnost (transparence), la perestroïka (restructurations
économiques) et le principe de la réunification allemande.
Leonid Brejnev |
Une série de mesures
symboliques se succèdent, comme l’autorisation de parution du « Docteur
Jivago » de Boris Pasternak (Novembre 1985), l’autorisation de retour à
Moscou d’Andreï Sakharov en Décembre 1986 et surtout la signature avec Ronald
Reagan, le 8 décembre 1987, du Traité sur les forces nucléaires à portée
intermédiaire, réduisant de 50 % l’arsenal nucléaire des deux Grands.
La décision de retrait
des troupes soviétiques d’Afghanistan prise le 15 Mai 1988 (effective un an
plus tard) et surtout l’ouverture du mur de Berlin le 9 Novembre 1989, font que
le Prix Nobel de la Paix 1990 lui est attribué. On se souviendra toutefois qu’en
Janvier 1991 (Vilnius, Riga) et jusqu’en Juillet 1991 (Medininkai), les troupes
soviétiques ont encore tué dans les Etats baltes et que Gorbatchev ne pouvait
pas ne pas être au courant.
La fin est plus
pathétique à cause, d’un côté de l’échec de ses réformes, de l’autre de l’hostilité
des conservateurs qui voient en lui le fossoyeur de l’URSS. L’étrange putsch de
Moscou d’Août 1991 profite à Boris Eltsine, Président élu de la République
fédérative de Russie, et sonnera à terme le glas de l’URSS (25 Décembre 1991),
date à laquelle Mikhaïl Gorbatchev, son Président, démissionnera.
Gorbatchev et Eltsine |
Depuis, Gorbatchev s’est
tourné vers l’écologie, prônant une « perestroïka du développement durable »,
mais il est également devenu critique de la politique de Poutine, lui
reprochant les reculs démocratiques enregistrés en Russie. Il est encore très
populaire en Occident (un reste de « gorbymania »,
mais beaucoup moins en Russie (il n’avait recueilli que 0,5 % des voix aux présidentielles
de 1996) où il est rendu responsable de l’explosion de l’URSS et du chaos
économique et social qui a suivi.
Malade (il souffre de
diabète), il a été hospitalisé en Juin 2013, et il apparaît désormais affaibli lors
de ses interventions publiques.
Pour mémoire, un
sondage d’Octobre 2011 effectué par l’institut VTsIOM, donnait la cote de
popularité suivante aux dirigeants russes de ces 100 dernières années :
# Vladimir Poutine 61 %
# Dmitri Medvedev 54 %
# Leonid Brejnev 39 %
# Tsar Nicolas II 31 %
# Lénine 28 %
# Staline 28
%
# Khrouchtchev 24 %
# Boris Eltsine 17 %
# M. Gorbatchev 14 %
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